Si vous avez lu ma dernière newsletter sur le coût des Jeux Olympiques, vous avez sans doute noté que certaines dépenses n'apparaissaient pas dans les graphiques, Notamment, des dépenses importantes comme celles liées à la sécurité sociale.

L'explication vient du fait que j'avais utilisé les données du budget général de l'État, lequel exclut le budget de la sécurité sociale.

Le budget de l'état et le budget de la sécurité sociale font partie d'un ensemble plus grand : Les finances publiques.

Je vous propose de clarifier un peu tout ça.

Les finances publiques


Les finances publiques ne se limitent pas uniquement aux dépenses de l'État. Elles se décomposent en différentes entités. Voici comment elles sont définies sur le site budget.gouv:

  • L’État et les organismes divers d’administration centrale (ODAC) : ces deux sous-secteurs réunis composent l’ensemble des administrations publiques centrales (Gouvernement, parlement, magistrature, CNRS, radio france etc.).
  • Les administrations publiques locales (APUL) qui incluent l’ensemble des organismes d’administration locale ainsi que les collectivités territoriales (Régions, départements, communes etc.).
  • Les administrations de sécurité sociale (ASSO) qui regroupent les Organismes dépendant des assurances sociales (ODASS) et l’ensemble des régimes d’assurance sociale (Régime général, régimes spéciaux de Sécurité sociale, régimes de retraite complémentaire, assurance-chômage etc.).

L'intérêt de la séparation des entités est de faciliter le suivi et l'allocation spécifique des fonds selon les besoins et les responsabilités de chaque secteur.

Cette organisation aide également à identifier les zones nécessitant une attention particulière ou des ajustements budgétaires, permettant ainsi une gestion plus efficace et transparente des ressources publiques.

Comme ces entités ont des budgets distincts, on peut observer les dépenses et les recettes pour chacune d'entre elles :

Après avoir consulté ce graphique, on peut noter plusieurs choses.

Premièrement :

En 2022, l'État et les administrations centrales étaient responsables de plus de 90% du déficit des finances publiques.

D'autre part,

En 2022, les administrations de sécurité sociale, qui englobent principalement les domaines de la santé, du chômage et des retraites, ont enregistré un excédent.

Il peut sembler étonnant que ces domaines (santé, chômage et retraite notamment) soient souvent au cœur des controverses alors que leur situation financière ne parait pas si terrible. Elles sont même parfois bénéficiaires (Attention, les administrations de sécurité sociale ne sont pas bénéficiaires tous les ans).

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Avant d'entreprendre cette analyse, j'étais moi-même convaincu que la majorité du déficit public provenait des organismes de sécurité sociale. La focalisation du débat politique sur ces secteurs, malgré leur situation plutôt saine en apparence, pourrait s'expliquer par la facilité relative d'y apporter des changements, ainsi que d'observer des résultats rapides. Prenez l'exemple d'un individu au chômage qui retrouve du travail : non seulement cela augmente directement les recettes de l'État grâce aux impôts, mais cela diminue également les dépenses publiques en allocation de chômage.

Enfin, le dernier point à noter est que, au global, les finances publiques affichent un déficit. Celui-ci était de 129 milliards d'euros en 2022. Comment financer et combler ce déficit ?

La dette

Les entités publiques comblent leur déficit en empruntant. C'est ce que l'on appelle le financement par la dette.

Comme les finances publiques sont déficitaires tous les ans, la dette s'accumule au fil du temps.

Voici un graphique qui permet de voir l'évolution de la dette au cours des dernières années.


Le financement par la dette fait partie intégrante du système financier mondial, et cela concerne tant les entreprises que les États.

Est-ce que la dette est problématique ?

Essayons d'apporter certains éléments de réflexion pour nourrir le débat, et exposer des arguments qui peuvent soutenir les deux côtés de la discussion.

La dette peut être considérée sous un angle positif dans certains cas.

Les états sont des entités économiques particulières qui n'ont pas pour objectif premier la rentabilité. Les investissements réalisés par l'État dans des domaines tels que l'éducation, la santé, la sécurité, la justice, la culture et l'écologie apportent des avantages sociétaux. En revanche, ce sont des investissements qui ne sont pas rentables d'un point de vue économique. De ce fait, ce sont des secteurs souvent délaissés par le secteur privé. En utilisant la dette, les états ont la capacité de financer ces initiatives nécessaires au pays.

D'un autre côté, l'accumulation excessive de dette peut présenter des risques significatifs.

Un niveau de dette trop élevé peut entraîner une perte de confiance de la part des investisseurs sur le marché de la dette puisque ceux-ci peuvent craindre de ne pas être remboursés. Une dette trop importante rendrait ainsi plus difficile, voire impossible, pour un état de se financer. Cela peut aboutir à une crise de la dette, comme ce fut le cas pour la Grèce en 2010 et pour l'Argentine en 2001.

Le paiement des intérêts est un autre problème important qui découle de l'accumulation de dette. En effet, chaque prêt contracté par l'État s'accompagne d'intérêts à rembourser. Au fur et à mesure que la dette s'accumule, le montant des intérêts augmente, jusqu'à constituer une part conséquente du budget des dépenses publiques.

En 2022, le montant des intérêts de la dette était d'environ 50 milliards d'euros, soit environ 40% du déficit public total.

On aborde ici des problématiques délicates qui ne trouvent pas de solutions évidentes. Même parmi les économistes les plus renommés.

Mon objectif est de fournir des chiffres et des repères essentiels pour décrypter les actualités économiques et politiques. Pour gagner en discernement, gardez à l'esprit les quelques ordres de grandeur abordés dans cet article !

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