Au risque de vous décevoir, pas de graphique aujourd'hui, même si ma newsletter s'appelle Infografix. Oui, je prends quelques libertés cette fois.
Mais rassurez-vous, nous allons tout de même parler de science. D'ailleurs, je vous propose de repartir de la base : la démarche scientifique.
La démarche scientifique, qu'est-ce que c'est ?
Pour essayer d'y répondre, nous allons rentrer dans une petite histoire, et suivre Pippin dans sa quête pour sauver ses plantes.
Pippin adore ses plantes, mais il doit se rendre à l'évidence : il n'a pas la main verte.
Un mystère le préoccupe depuis quelque temps. Malgré des arrosages réguliers et toute l'attention qu'il leur porte, ses plantes dépérissent.
Plutôt que de se décourager, il décide d'aborder le problème autrement, en adoptant une approche méthodique inspirée de la démarche scientifique.
Observation et questionnement
Tout commence par une observation attentive : ses plantes ne se portent pas bien. Elles perdent leurs feuilles, jaunissent, flétrissent. Pippin se pose alors une question fondamentale : "Pourquoi mes plantes ne vont-elles pas bien ?"
En science, cette étape est le point de départ de toute investigation. L'observation d'un phénomène inhabituel ou problématique suscite des questions auxquelles on souhaite apporter des réponses.
Recherche d'informations préalables
Déterminé à comprendre la cause du problème, Pippin entreprend de rassembler des informations. Il réfléchit aux différents facteurs qui pourraient influencer la santé de ses plantes :
- L'arrosage : Trop d'eau ? Pas assez ?
- L'exposition au soleil : Les plantes reçoivent-elles suffisamment de lumière ?
- La qualité du sol : Le sol est-il adapté aux besoins des plantes ?
Il se rappelle également qu'un jour, son ami Sam lui a conseillé de ne pas trop arroser les plantes, car l'excès d'eau peut être aussi néfaste que le manque d'eau.
Cette étape correspond, à la revue de la littérature. Les chercheurs consultent les travaux antérieurs, les études déjà publiées, pour s'informer des connaissances actuelles sur le sujet. Cela permet de formuler des hypothèses éclairées et d'éviter de répéter des erreurs déjà commises.
Formulation d'une hypothèse
Fort de ces informations, Pippin formule une hypothèse : "Si je réduis l'arrosage de mes plantes, alors elles iront mieux."
Une hypothèse scientifique est une proposition qui tente d'expliquer un phénomène observé, basée sur des connaissances préalables. Elle doit être testable et falsifiable, c'est-à-dire qu'il doit être possible de la vérifier par l'expérimentation et de la réfuter si elle est incorrecte.
Cette hypothèse est non testable parce qu'elle concerne une entité qui, par définition, est souvent considérée comme transcendante et au-delà du domaine de l'observation empirique. Il n'existe pas de méthode scientifique pour vérifier ou réfuter de manière empirique l'existence de Dieu.
Première tentative d'expérience
Enthousiaste et pressé de résoudre le problème, Pippin décide de tester son hypothèse immédiatement. Il choisit deux plantes :
- Son ficus : Il réduit l'arrosage.
- Son yucca : Il maintient l'arrosage habituel.
Après quelques jours, il observe que le ficus semble en meilleure santé que le yucca. Ravi, il conclut que son hypothèse est confirmée : réduire l'arrosage améliore la santé des plantes. 😏
Cependant, ce bon vieux Sam, toujours avisé et fin jardinier, lui fait remarquer que baser une conclusion sur seulement deux plantes de différentes espèces peut être trompeur. Il lui explique que les besoins en eau du ficus et du yucca ne sont pas nécessairement identiques.
De plus, d'autres facteurs non contrôlés pourraient influencer les résultats :
- Variables environnementales : Peut-être que le ficus a reçu plus de lumière indirecte, ou que le yucca est placé dans un courant d'air.
- Variabilité individuelle : Même au sein de la même espèce, des variations naturelles peuvent affecter la santé des plantes.
Pippin réalise alors que pour confirmer son hypothèse de manière rigoureuse, il doit concevoir une expérience plus structurée.
Mais Pippin n'est pas tout à fait dans l'erreur. Il est courant de réaliser des pré-expériences pour voir ce que l'on peut tester concrètement et pour réfléchir à la meilleure façon de mettre en place une véritable expérience.
Conception de l'expérience
Pour tester son hypothèse, Pippin doit concevoir une expérience contrôlée. Il décide de mettre en place un protocole expérimental :
- Sélection des sujets : Il choisit plusieurs plantes de la même espèce pour garantir que les résultats ne soient pas biaisés par des différences entre espèces.
- Contrôle des variables : Toutes les plantes seront placées sur la même terrasse, recevront le même ensoleillement, seront plantées dans le même type de sol et exposées aux mêmes conditions environnementales.
- Variable indépendante : La seule variable qu'il modifiera est la quantité d'eau donnée aux plantes.
- Groupes expérimentaux :
- Groupe A : Plantes avec arrosage réduit.
- Groupe B : Plantes avec arrosage habituel.
En contrôlant ainsi les variables, Pippin s'assure que toute différence observée entre les deux groupes pourra être attribuée à la variable étudiée, c'est-à-dire la quantité d'eau.
Réalisation de l'expérience
Pippin met en œuvre son plan :
- Il arrose les plantes du groupe A moins fréquemment, selon un calendrier précis.
- Il continue à arroser les plantes du groupe B comme il le faisait auparavant.
Il note scrupuleusement toutes les données pertinentes : dates des arrosages, quantité d'eau utilisée, observations quotidiennes de l'état des plantes.
Obtenir une vraie réponse à sa question toute bête est plus long et plus fastidieux que ce qu'il pensait ! 😒
Collecte et analyse des données
Au fil des jours et des semaines, Pippin ne se décourage pas, et il observe attentivement ses plantes et collecte des données quantitatives et qualitatives :
- Croissance des plantes : Mesure de la hauteur des tiges.
- Nombre de feuilles : Comptage des feuilles vertes et des feuilles jaunes ou flétries.
- Apparence générale : Vitalité, couleur, éventuelles maladies ou parasites.
Il rassemble ces données dans un tableau pour faciliter l'analyse.
Ensuite, il analyse les résultats. Il compare les mesures du groupe A et du groupe B. Pippin constate que les plantes du groupe A (arrosage réduit) ont :
- Une croissance plus importante.
- Moins de feuilles jaunes ou flétries.
- Une apparence générale plus saine.
Pippin réfléchit à l'importance des différences observées. Sont-elles suffisamment marquées pour ne pas être attribuées au hasard ? Gandalf lui a déjà parlé de méthodes obscures pour déterminer cela, mais il ne les maîtrise pas encore entièrement.
Il existe des méthodes et tests statistiques qui permettent de déterminer si ce que l'on observe est dû au hasard ou non. Ces méthodes se basent sur plusieurs éléments clés, dont la taille de l'échantillon (c'est a dire le nombre de plantes dans chaque groupe) et la variabilité des données observées.
Interprétation des résultats
Les résultats suggèrent que la réduction de l'arrosage a un effet bénéfique sur la santé des plantes. Pippin interprète ces données comme une confirmation de son hypothèse initiale.
Cependant, il reste prudent. Il reconnaît que d'autres facteurs pourraient encore influencer les résultats, même si les variables ont été contrôlées autant que possible.
La fin de l'histoire
Sur la base de ses observations et analyses, Pippin conclut que l'excès d'eau est très probablement la cause du dépérissement de ses plantes. Son hypothèse est donc confirmée par l'expérience.
Pippin décide de partager son expérience avec ses amis jardiniers, notamment Sam, qui sera sans doute ravi de l'aider à approfondir ses connaissances.
En science, la communication des résultats est une étape essentielle. Elle permet de partager les découvertes, de les soumettre à la critique de la communauté, et de contribuer à l'avancement des connaissances collectives. La bonne pratique est de partager ses résultats, mais aussi toutes les étapes qui nous ont permis de les obtenir.
Pippin se demande maintenant comment il pourrait encore améliorer la santé de ses plantes. Il a déjà pleins d'idées :
- Faire varier encore la quantité d'arrosage : pour trouver la quantité d'arrosage optimale.
- Tester d'autres variables : La qualité du sol, l'apport d'engrais, la lutte contre les parasites.
- Répéter l'expérience sur d'autres espèces, dans un autre environnement : Pour confirmer les résultats et s'assurer de leur reproductibilité.
- Consulter des experts : Échanger avec des botanistes ou des horticulteurs pour approfondir ses connaissances.
Il comprend que la démarche scientifique ne s'arrête jamais vraiment. Chaque réponse soulève de nouvelles questions, et c'est ce qui fait la richesse de la recherche.
Cette aventure, certes moins épique que la destruction de l'Anneau Unique, illustre parfaitement la démarche scientifique et son utilité dans la vie quotidienne.
Elle montre que cette façon de traiter un problème n'est pas réservée aux laboratoires ou aux chercheurs en blouse blanche, mais qu'elle peut être appliquée par chacun de nous pour résoudre des problèmes de manière efficace et rationnelle.
Si on résume, la démarche scientifique repose sur des étapes clés :
- Observation d'un phénomène.
- Questionnement sur les causes ou les mécanismes sous-jacents.
- Recherche d'informations et étude des connaissances existantes.
- Formulation d'une hypothèse testable et falsifiable.
- Conception et réalisation d'une expérience contrôlée.
- Collecte et analyse des données.
- Interprétation des résultats.
- Conclusion sur la validité de l'hypothèse.
- Communication des résultats et de la méthode pour les obtenir.
- Réflexion critique et ouverture vers de nouvelles recherches.
Au-delà de résoudre des problèmes, la démarche scientifique nous offre un outil précieux pour naviguer dans le flot d'informations que nous recevons chaque jour.
Nous sommes constamment exposés à des affirmations et des "vérités" véhiculées par les médias, les réseaux sociaux ou notre entourage. Il est légitime de se demander : s'agit-il de croyances populaires ou de faits solides étayés par des preuves scientifiques ?
Comprendre la démarche scientifique nous permet de développer un esprit critique. Cela nous aide à évaluer la fiabilité des informations, à distinguer le plausible du douteux, et à prendre des décisions éclairées.
La science est une méthode pour comprendre le monde qui nous entoure. En l'adoptant, nous cultivons une attitude de curiosité, de scepticisme sain et d'ouverture d'esprit.
Je vous invite donc à appliquer cette réflexion critique dans votre vie quotidienne.
Pour analyser une information entendue, remettre en question une idée reçue ou approfondir un sujet qui vous passionne, comprendre la démarche scientifique est un allié de taille.
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